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jeudi 25 juin 2009

Une ère nouvelle

Lorsque Hasan Sabbah naît vers 1055, le monde musulman vit un changement politique majeur de son histoire. En 1055, la dynastie shi’ite des Bouyides qui régnait à Bagdad depuis 950 et tenait le Calife abbasside sous sa tutelle est renversée par une faction de la dynastie turque des Seldjoukides menée par son chef Tughril Beg. Depuis quelques décennies déjà, la puissance des bouyides était en perte de vitesse, ce qui permit au Calife de retrouver une plus grande liberté de manœuvre. Il appela à la rescousse Tughril Beg dont les troupes avançaient victorieusement en Iran et prenaient les villes les unes après les autres. Le Calife fut d'autant plus tenté d'appeler les Seldjoukides que ceux-ci se faisaient les défenseurs les plus virulents de l'islam sunnite. Après l'entrée de Tughril Beg à Bagdad, le Calife conféra au vainqueur le titre de Sultan et de Roi de l’est et de l’ouest. Les Seldjoukides poursuivirent leur progression vers l'est et se rendirent maîtres de la Syrie avec la prise d’Alep en 1070. Un an plus tard, ils s’ouvrirent même les portes de l’Asie Mineure en infligeant une défaite cuisante à Byzance à la bataille de Mantzikert.

Les turcs firent leur entrée sur la scène du Moyen-Orient au IXème siècle, lorsque le Calife al-Mu’tasim les recruta massivement comme mercenaires, puis soldats, dans l’armée abbasside. Au Xe siècle, la dynastie des Samanides installée au Khorassan et en Transoxiane fit de même en intégrant en nombre les turcs dans son armée. Au contact des populations musulmanes, les turcs par influence et opportunisme politique se convertirent à l’Islam. Au fil des décennies, ces turcs acquièrent de plus en plus de pouvoir au sein de l’armée et tentèrent d’accaparer pour leur compte personnel au détriment de leurs souverains des régions entières. Ainsi, les Ghaznévides qui à l'origine étaient un groupe de mercenaires turcs qui s'enrolèrent dans l'armée samanide puis se querellèrent avec leurs maîtres et créérent un état autonome à Ghazna. Ils réussirent finalement à renverser leurs anciens maîtres et menèrent des raids dévastateurs jusqu'en Inde. Sous le règne du plus puissant des Ghaznévides, Mahmud de Ghazni, leur cour devint un centre culturel et intellectuel majeur. Elle compta parmi elle le poète Firdousi, auteur du Livre des Rois, un monument de la littérature épique persane, ainsi que le savant al-Birouni, l’un des plus grands savants de son époque et qui toucha avec bonheur à tous les champs du savoir. Les Ghaznévides furent battus à leur tour en 1040 à la bataille de Dandaqan par un autre groupe turc, celui des Seldjoukides, qui avait également commencé sa carrière militaire dans les rangs de l'armée ghaznévide. Après leur victoire sur les Ghaznévides, les Seldjoukides pénètrent ensuite en Iran en 1050. Ils s’emparent de Hamadan, puis d’Ispahan en 1051 dont ils en font leur capitale. Ils entrent à Bagdad en 1055. Claude Cahen déclare : « Les deux dates de 1040 et 1055 marquent vraiment le début d’une nouvelle période. » (p. 338). C’est précisément entre ces deux dates, ou au plus tard en 1055, que naît Hassan Sabbah.

L'ADMINISTRATION SELDJOUKIDE : UN POUVOIR CENTRALISE

A la mort du Sultan Malik Shah en 1092, le pouvoir seldjoukide est à l'apogée de sa puissance. Leur domination s'étend sur le Turkestan, le Moyen-Orient, le Proche Orient et l'Asie Mineure. Seule Constantinople échappe à leur emprise. A la mort de Malik Shah, l’empire se disloque et sera partagea entre ses fils, neveux et cousins qui se querelleront entre eux pour étendre leur pouvoir et affaibliront du même coup la puissance seldjoukide.

L’empire seldjoukide a pu se constituer parce qu’il disposait d’un pouvoir fort et centralisé. Le Sultan détenait l’autorité et était à la tête de la force armée. Il nommait un Vizir qui devenait le chef de l’administration et dirigeait les finances, la justice et les affaires religieuses. Le Calife, quant à lui, ne disposait que d’une autorité légale dont le rôle principal était de légitimer le pouvoir du Sultan. L’armée du Sultan comprenait sa garde personnelle et les troupes des émirs. Chaque émir était tenu de maintenir et d’entretenir une armée. En échange, l’émir recevait du Sultan l’autorisation de percevoir les impôts sur le district qui lui était confié et cela pour une durée déterminée, c’était le système de l’’iqta’. En général, l’émir était succédé par son fils et celui-ci renouvelait son allégeance au Sultan et continuait à percevoir l’iqta’. Ces méthodes de gouvernement ont été exposées par Nizam al-Mulk, le Vizir du Sultan Malik Shah, dans son livre « Traité de gouvernement » (Siyasat Namé). Nizam al-Mulk sera la personnalité phare du règne de Malik Shah. Il marquera par son travail, ses réformes et la création des médersas le Sultanat de Malik Shah. Après le morcellement de l’empire seldjoukide de Malik Shah, une société de type féodal, basée sur un réseau complexe d’allégeances de suzerain à vassal, organisera les relations de voisinage entre sultanats et émirats. Les différents sultanats vont calquer leur système administratif sur celui mis en place par Nizam al-Mulk avec donc un pouvoir central fort et des princes tirant leurs revenus de l’iqta’. Paradoxalement, cette centralisation du pouvoir qui aura contribué au succès militaire et administratif des Seldjoukides sera également leur talon d’Achille. Ainsi, avec la mort du Sultan qui était la clef de voûte du pouvoir, l'autorité disparaissait d'un coup et l’anarchie prenait le dessus. Les vassaux rejetaient leur allégeance et l'ordre n'était ramené que lorsqu'un souverain réussissait à s'imposer aux autres. Cette particularité du régime seldjoukide est l'une des raisons pour laquelle les ismaéliens cibleront les personnalités les plus puissantes du régime afin de désorganiser le pouvoir, freiner les décisions, suspendre les entreprises militaires.

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