Al-Azhar ("La Lumineuse") fut la principale mosquée du Caire et l'un des plus importants centre d'enseignement du monde islamique à l'époque fatimide (909-1171). La mosquée fut fondée par le Général fatimide Djawhar al-Siqilli en 969 après sa conquête de l'Egypte durant la même année. Elle fut inaugurée par l'Imam-Calife al-Mu'izz en 972. La mosquée se situait non loin du palais califal et elle fut donc la mosquée des Califes durant tout leur règne. C'est en cette mosquée que l'Imam-Calife se rendait pour la prière du vendredi, que les nominations et les décisions importantes concerant les affaires de l'Etat étaient annoncées. Ce fut sous l'Imam-Calife al-Aziz (règne de 975-996) qu'al-Azhar devint un centre d'enseignement. L'Imam acheta un terrain situé à proximité de la mosquée et y fit construire des appartements pour les professeurs. Le centre d'enseignement fut inauguré en grande pompe. L'Imam-Calife distingua les professeurs en leur octroyant des robes d'honneur splendides fabriquées dans les ateliers de tissages (tiraz) les plus prestigieux du royaume. Un cérémonial impressionant se déroula sur le parvis situé entre le palais du Calife et celui des princes avec défilés, spectales et musiques ainsi qu'une distribution généreuse de repas. Cette esplanade existe toujours au Caire. Elle est le principal lieu de théâtre de la fresque romanesque que le grand écrivain égyptien Néguib Mahfouz a consacré au Caire dans son livre "Impasse des deux palais" (Bayn al-Qasrayn"). L'Imam-Calife dota le nouvel établissement d'un système de financement permanent en lui octroyant des terres dont les ressources furent consacrées exclusivement à l'entretien des bâtiments et aux frais de fonctionnement. Al-Azhar devint un centre d'enseignement réputé dans tout le monde islamique et attira des étudiants et des savants venus de de tous horizons. Des conférences appelées "les sessions de sagesse" ("majalis al-hikma") données par des savants tels que le magistrat Nu'man ou d'autres éminents philosophes tel al-Kirmani furent organisées. Ces conférences acquirent une telle popularité que des bousculades mémorables eurent lieu pour y assister. Des sessions particulières étaient également programmées à l'attention des femmes afin qu'elles aussi puissent tirer partie de l'enseignement dispensé à al-Azhar. A la fin de la conférence, un grand plat de mets était partagé entre tous les participants du majlis, chacun recevant une petite portion appelée "najwa". Ce rituel était destiné à symboliser la fraternité intellectuelle entre les participants.
Après la prise du Caire par les Ayyoubides de Saladin, al-Azhar subit de nombreuses exactions de la part des nouveaux maîtres de l'Egypte qui voyaient en elle le symbole de la dynastie déchue. Elle fut mise à l'écart au profit d'autres mosquées et tomba en ruine jusqu'à ce que les Mamelouks au XIIIe siècle la restaurent et lui redonnent ses lettres de noblesse.
De nos jours encore, al-Azhar est toujours l'un des plus prestigieux centres d'enseignement en Islam et joue le rôle d'une autorité morale et religieuse dans tout le monde musulman.
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