A la mort de Muhammad, l'Arabie fut marquée par l'apostasie (ridda') des tribus qui avaient adhéré à l'Islam et accepté l'autorité du Prophète. Il fallait rapidement rétablir l'ordre et présenter une nouvelle autorité aux tribus. Les membres influents des Muhâjiruns (les Compagnons de la première heure du Prophète, ceux qui avaient émigré avec lui à Médine à cause des persécutions des mecquois) et des Ansârs (essentiellement les médinois, ceux qui avaient aidé le Prophète dans sa mission) se réunirent pour désigner un successeur. Cette réunion est appelée "l'assemblée de la saqîfa". Au cours de cette réunion, qui fut particulièrement houleuse et mouvementée sur le choix du successeur, ce fut les Muhâjirûn qui l'emportèrent en réussissant à imposer leur candidat, Abu Bakr, à la tête de la communauté islamique. Abu Bakr fut désigné "Khalifat rasul Allah", c'est à dire "le Successeur" ou "le Représentant (Calife) du Prophète de Dieu". Ensuite il ne resta que le terme "Khalifat" (Calife) pour désigner ce représentant. Les arguments avancés pour emporter la désignation d'Abu Bakr en tant que successeur furent que Abu Bakr faisait partie des premiers Compagnons du Prophète, qu’il appartenait également à la tribu du Prophète, celle de Quraysh, et enfin qu’il était doté de qualités et de mérites personnels exceptionnels.
A ces arguments, les chiites ne manquent pas de rétorquer que Ali fait également partie des premiers Compagnons du Prophète. Il est même le premier homme à avoir accepté l’Islam (la première personne à avoir accepté l’Islam étant une femme, Khadidja, l’épouse du Prophète). Quant aux qualités et mérites de Ali, ils ont été proclamés par le Prophète lui-même à maintes occasions. De plus, si on se prévaut pour la désignation du Calife de son lien d'appartenance avec la tribu du Prophète, autant s'en prévaloir également au niveau de la famille ! Ali fait tout à la fois partie de la tribu et de la famille du Prophète. Aussi, de par ces deux notions fondamentales que sont celles de l’ancienneté à l’Islam (saqîba) et de par le lien de parenté (qaraba) avec le Prophète, Ali est, aux yeux des chiites et à ses propres yeux, le seul successeur ou légataire légitime (Wasi) de Muhammad. Ali, dans ses lettres et ses paroles, ne manque d'ailleurs pas de rappeler ces deux éléments pour légitimer son droit au leadership à la tête de la communauté musulmane (la Umma).
En dehors des hadiths du Prophète, les chiites s’appuient également sur de nombreux versets coraniques pour revendiquer la succession du Prophète pour Ali., Ainsi, le Coran privilégie les liens du sang, de la parenté, de la famille sur les liens d’appartenance confessionnelle (36, 6), (8, 72-74). Le Coran établit également un parallèle entre les événements de la vie de Muhammad et ceux des prophètes antérieurs. Ces prophètes lorsqu’ils demandaient une aide à Allah dans leur mission, recevaient l’assistance d’un membre de leur famille qui leurs prêtait main forte. Ainsi, Aaron qui aida Moïse dans sa mission. Et un hadith fait également dire au Prophète Muhammad : « O Ali, tu es pour moi ce que Aaron fut pour Moïse ». Mais un fait entre tous est particulièrement significatif dans les versets coraniques : tous les prophètes antérieurs demandent à Dieu qu’ils soient succédés par un de leurs descendants. Cette prière est alors exaucée et les prophètes sont succédés par un membre de leur famille à la tête de leur communauté (5, 84-89).
jeudi 25 juin 2009
La succession du Prophète Muhammad
Moïse et son frère Aaron font apparaître un dragon qui dévore les magiciens du Pharaon. Manuscrit du XVIe siècle. BNF
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