En 750, une révolte menée par Abu Muslim et qui était partie du Khorassan réussit à détrôner le califat Omeyyade. Cette révolte, à caractère sociale et chiite car menée au nom de la famille du Prophète, visait à rétablir un Alide au pouvoir. En 750, le monde musulman s'étendait de l'Espagne jusqu'aux frontières de l'Inde. La majorité des peuples gouvernés était autres qu'arabes, et la dynastie des Omeyyades avait toujours régné en mettant davantage en avant le pouvoir arabe que la foi musulmane. Aussi, Abu Muslim rallia sous la bannière noire des Abbassides les nombreux mécontents du régime qui unifiés par la foi chiite mirent finalement à bas la dynastie Omeyyade. Les nouveaux maîtres du pouvoir prirent le nom d'Abbassides pour leur nouvelle dynastie, en référence à Abbas, un oncle du Prophète dont ils se déclaraient les descendants. Ils prirent une nouvelle capitale, al-Anbar, située en Irak, au carrefour du monde arabe et persan, afin de souligner l’aspect multiculturel du nouveau régime et non plus spécifiquement arabe. Aussitôt au pouvoir, les Abbassides firent volte-face. Ils renièrent leurs affinités chiites et se firent les défenseurs du sunnisme. Ils entreprirent d'éliminer tous les rivaux potentiels susceptibles de mettre en danger leur pouvoir. Ils décimèrent ainsi impitoyablement lors d’un banquet de réconciliation tous les membres de la famille Omeyyade, près d’une soixantaine, et jetèrent leurs cadavres en pâture aux chiens. Un seul d’entre eux en réchappa, le prince Abd al-Rahman, qui réussit à s’enfuir en Espagne où il fonda la dynastie omeyyade de Cordoue en 756. Les Abbassides se débarrassèrent également d'Abu Muslim, le principal artisan de leur victoire. Devant le revirement des Abbassides, de nombreuses révoltes chiites éclatèrent dans le monde musulman qui retardèrent même la construction de Bagdad, la nouvelle capitale des Abbassides, décrétée par le Calife al-Mansur. Ces révoltes chiites furent prises très au sérieux par les Abbassides qui s’étaient appuyés eux-mêmes sur les chiites et les mawalis pour renverser les Omeyyades. Ils craignaient que de nouveaux meneurs ne récupèrent tous les chiites qui avaient combattu dans leurs rangs et qui avaient maintenant le sentiment d’avoir été bernés par la propagande abbasside. Aussi, l'Imam Djafar al-Sadiq, qui était l’une des personnalités les plus en vue dans le monde musulman et dont l'autorité ne cessait de s'étendre sur les chiites, devint pour les Abbassides le plus sérieux rival potentiel.
La situation pour l'Imam et sa famille devenait en effet critique. Les révoltes menées par les différents prétendants à l’Imamat s’étaient toutes soldées par des échecs et leurs chefs avaient été tués. Djafar al-Sadiq restait désormais le seul point de ralliement des chiites. De plus, la réputation de l’Imam n'avait cessé de croître auprès des savants et dans le monde musulman où il était vénéré comme un saint. Un groupe de partisans particulièrement zélés surnommés les "Ghulat", "Ceux qui exagèrent", proclamait même la divinité de l'Imam. Ces Ghulats avaient à leur tête un certain Abu’l-Khattab qui entra en révolte ouverte contre les Abbassides et périt lors d'une campagne de répression menée par les troupes abbassides. Toute cette agitation créée par les Ghulats autour de l'Imam ne manqua pas d'aviver la crainte des Abbassides contre lui. Il mourut d'ailleurs dans des circonstances mystérieuses, probablement empoisonné, en 765.
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