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jeudi 25 juin 2009

L'Imam Djafar al-Sadiq et l'alchimie

Portrait européen de Jabir ibn Hayyan ou "Geber" en latin, XVe siècle, Codici Ashburnhamiani 1166, Bibliotheca Medicea Laurenziana, Florence

JABIR IBN HAYYAN ET DJAFAR AL-SADIQ : L'ALCHIMISTE ET SON MAÎTRE

Jabir ibn Hayyan est le plus célèbre alchimiste de l'Islam. Il est considéré comme le père de la chimie arabe. Un corpus impressionnant s'élevant à plusieurs milliers de volumes lui est attribué. Il fut le disciple de Djafar al-Sadiq, et c'est à lui que Jabir ibn Hayyan attribue la paternité de ses oeuvres, lui-même n'ayant été que le scribe de l'Imam. Ainsi, parlant de ses livres, les "Cinq cents livres" et des "Kitab al-Khamsumiyat", Jabir va jusqu'à dire qu'"ils ne contiennent rien qui vienne de moi ; je n'en suis pour ainsi dire que le copiste". Et ailleurs : "De par la science qu'il m'a confiée, je procède de Djafar comme le fils du père, relié à lui comme la moitié au double..."

Jabir ibn Hayyan est né vers 721 à Tûs dans le Khorassan. Il s'installa à Médine où il devint le fidèle et le disciple de Djafar al-Sadiq. Il mourut à Kufa vers 815.

Jabir ibn Hayyan est considéré comme le père de la chimie arabe en ce sens qu'il est le premier à pratiquer cette discipline de manière scientifique et qu'il insista particulièrement sur l'importance de l'expérimentation. On lui attribue l'invention d'un grand nombre d'équipements de laboratoire tel que l'alambic, et la découverte de produits chimiques tels que l'acide chlorhydrique, l'acide nitrique, ainsi que du procédé de la distillation.

Les musulmans commencèrent à s'intéresser à l'alchime dès le début du VIIIe siècle. Au milieu de ce siècle, on voit l'apparition d'une école d'alchimistes de tendance chiite, autour de la personne de Jabir, à Médine. Les premiers traités sont alors rédigés. Au IXe siècle, cette école s'enrichit de la tradition alchimique grecque. C'est au Xe siècle que le corpus définitif de l'œuvre de Jabir est compilé.

Le but de l'alchimie est d'obtenir à travers de savantes et obscures manipulations l'Elixir permettant de transmuter les corps grossiers et sans valeur en objets purs et précieux tels que l'or. Mais, Jabir donne à cette opération une portée métaphysique et spirituelle. Il s'agit en réalité de purifier l'âme de toutes ses imperfections et ses grossièretés. Pour Jabir, l'Elixir divin permettant de purifier l'âme est l'Imam qui par son enseignement gnostique et sa grâce disperse l'ignorance dans laquelle se trouve l'âme, l'illumine, la purifie de la souillure et la rend apte à contempler les réalités divines. Dans son traité "Les Cinq cents", Jabir identifie explicitement l'Elixir suprême, permettant la transmutation des métaux vils en argent et en or, à la personne de l'Imam. Il écrit : "Sache, ô mon frère, que l'Eau, lorsqu'elle est mêlée à la Teinture et à l'Huile de façon complète, se rubéfie, se fige et devient semblable à un grain de corail. Lorsqu'elle atteint ce stade et est devenue une matière faiblement fusible, rapidement cérifiée, pénétrant dans tous les métaux, alors s'il en est bien ainsi, c'est cela l'Imam."

Jabir déclare quant au rôle joué par l'Imam Djafar auprès des alchimistes : "Dieu nous a exaucé, nous a accordé une grâce dont Il a privé d'autres, par pure libéralité et gracieuse bienveillance et non par mérite de notre part [...]. Nous Lui rendons grâce de nous avoir élu parmi ses fidèles, de nous avoir accordé toute la science du meilleur des hommes de son temps, le plus digne d'être aimé, celui qu'Il s'est choisi, qu'Il a élu, à qui Il a attribué l'Imamat et le degré de la prophétie, ainsi que la science des choses cachées qu'Il a interdites à ses créatures excepté à l'Imam qu'Il a institué pour eux ; ce afin que l'Imam soit un flambeau les éclairant et les guidant dans les ténèbres sur terre et sur mer, une autorité qui les dirige et leur évite ainsi d'errer. Cet homme, c'est mon Seigneur Djafar al-Sadiq, le fils de Muhammad, qu'il prie sur nous, le Prince des hommes de son époque et le meilleur d'entre eux."

Quant aux raisons qui poussèrent Jabir à écrire ses livres sur la science alchimique, il déclare "J'ai fait cela afin que mon seigneur - sur lui le salut - sache que je n'ai point été économe, avare ou énigmatique dans mon discours ; peut-être me délivrera-t-il alors de la souillure de ce monde." Le chiisme fait de la transmission du savoir un devoir pour les fidèles et un acte vertueux. La charité ne se limite pas aux moyens matériels, mais s'étend sur le spirituel et l'intellectuel. Le savant doit se montrer généreux avec son savoir et le transmettre à ceux qui en sont dépourvus. Ali avait déclaré : "La connaissance est une richesse qui quand on la partage s'accroît."


1 commentaire:

Anonyme a dit…

tres intiresno, merci