Article tiré de Wikipedia (les notes en bas de pages sont du blogueur et destinées à mieux cerner le poète) :
Mohammed Al-Maghout, poète, dramaturge, écrivain et scénariste syrien. Né en 1934 à Salamiya, il est mort le 3 avril 2006 à Damas. Pionnier de la poésie arabe contemporaine, il a renouvelé les formes traditionnelles dans des textes où se mêlent violence, désespoir et ironie. Sa vie fut marquée par la prison et l'exil au Liban, prix payé pour sa farouche indépendance.
Biographie
Mohammed Al-Maghout est né en 1934 dans une famille d'agriculteurs ismaéliens de Salamiya [1], dans le gouvernorat de Hama en Syrie. Il entreprend des études d'agronomie à Damas, mais y renonce rapidement, se sentant peu d'intérêt pour la matière. En 1955, il est emprisonné pour son appartenance au parti nationaliste syrien, alors interdit. Il fait la connaissance du poète Adonis en prison et se lance dans l'écriture ; cette expérience de la prison et de la torture aura d'ailleurs une influence capitale sur sa vie et son œuvre. A la fin des années cinquante, exilé au Liban, il participe au renouveau poétique au sein de la revue Shi'r ("poésie"). Il se marie avec la poétesse Sania Saleh, décédée en 1984, dont il aura deux filles : Cham et Salafé. Mohammed Al-Maghout ne s'est pas cantonné à une carrière de poète mais reste également très célèbre comme écrivain de scénarios (films et séries), dramaturge et essayiste polémique. Malgré son refus de toute soumission, Mohammed Al-Maghout a pu poursuivre sa carrière d'écrivain en Syrie, où il s'est même vu décerner des honneurs nationaux en 2002. Il est décédé le 3 avril 2006 et est enterré dans sa ville natale.
Poésie
Mohammed Al-Maghout est considéré par ses pairs comme un des précurseurs du vers libre en arabe. Ses premiers poèmes furent publiés dans la revue Shi'r (poésie) à la fin des années cinquante. Sa poésie exprime dans une langue simple la contradiction entre les espoirs des gens simples et les promesses non tenues du nationalisme arabe [2]; elle exprime également le refus catégorique de toute soumission à l'ordre social, politique ou religieux [3].
Malgré la déception, le pessimisme, l'humour noir et l'ironie palpables dans chacun de ses vers, Mohammed Al-Maghout ne sombre jamais dans le cynisme tant - au contraire - semble sourdre de sa poésie un humanisme diffus, comme si malgré les nombreux travers qui le caractérisent, il conservait à l'être humain une profonde affection.
Al-Maghout possède un sens aiguë de la sentence qui frappe et des mots féroces qui tombent juste. Au niveau du style, il se caractérise par la clarté de son langage parfois très proche de la prose, l'abandon de la rime et de la métrique ainsi que par la répétition de structures simples dans ses vers.
Biographie
Mohammed Al-Maghout est né en 1934 dans une famille d'agriculteurs ismaéliens de Salamiya [1], dans le gouvernorat de Hama en Syrie. Il entreprend des études d'agronomie à Damas, mais y renonce rapidement, se sentant peu d'intérêt pour la matière. En 1955, il est emprisonné pour son appartenance au parti nationaliste syrien, alors interdit. Il fait la connaissance du poète Adonis en prison et se lance dans l'écriture ; cette expérience de la prison et de la torture aura d'ailleurs une influence capitale sur sa vie et son œuvre. A la fin des années cinquante, exilé au Liban, il participe au renouveau poétique au sein de la revue Shi'r ("poésie"). Il se marie avec la poétesse Sania Saleh, décédée en 1984, dont il aura deux filles : Cham et Salafé. Mohammed Al-Maghout ne s'est pas cantonné à une carrière de poète mais reste également très célèbre comme écrivain de scénarios (films et séries), dramaturge et essayiste polémique. Malgré son refus de toute soumission, Mohammed Al-Maghout a pu poursuivre sa carrière d'écrivain en Syrie, où il s'est même vu décerner des honneurs nationaux en 2002. Il est décédé le 3 avril 2006 et est enterré dans sa ville natale.
Poésie
Mohammed Al-Maghout est considéré par ses pairs comme un des précurseurs du vers libre en arabe. Ses premiers poèmes furent publiés dans la revue Shi'r (poésie) à la fin des années cinquante. Sa poésie exprime dans une langue simple la contradiction entre les espoirs des gens simples et les promesses non tenues du nationalisme arabe [2]; elle exprime également le refus catégorique de toute soumission à l'ordre social, politique ou religieux [3].
Malgré la déception, le pessimisme, l'humour noir et l'ironie palpables dans chacun de ses vers, Mohammed Al-Maghout ne sombre jamais dans le cynisme tant - au contraire - semble sourdre de sa poésie un humanisme diffus, comme si malgré les nombreux travers qui le caractérisent, il conservait à l'être humain une profonde affection.
Al-Maghout possède un sens aiguë de la sentence qui frappe et des mots féroces qui tombent juste. Au niveau du style, il se caractérise par la clarté de son langage parfois très proche de la prose, l'abandon de la rime et de la métrique ainsi que par la répétition de structures simples dans ses vers.
Muhammad Al-Maghout a publié les recueils de poésie suivants, en arabe (pour une liste plus large de ses oeuvres, voir l'article de Wikipedia) :
1959: Tristesse au clair de lune (Houzn fi douwi l-qamar)
1964: Une chambre aux millions de murs (Ghourfa bi malayiini l-joudran)
1970: La joie n'est pas mon métier (Al-farahou laysa mihnati) ; Traduction en français : La joie n'est pas mon métier, trad. Abdellatif Laâbi, éditions La Différence, 1992
2001: Le bourreau des fleurs (Sayyafou z-zouhour)
2004: Est d'Eden, Ouest de Dieu (Sharqou adan, gharbou Llah)
2006: Le bédouin rouge (Al-badawi l-ahmar)
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[1] Le poète avait dit à propos de Salamiya, ville située à la lisière du désert syrien et centre de la Mission ismaélienne au IXe siècle, d'où l'Imam Muhammad al-Mahdi partit pour se rendre en Ifriqiya et fonder la dynastie fâtimide en 909 : "Salamiya, larme versée par les Romains, est limitrophe de la terreur au nord, de la tristesse au sud, à l'est de la poussière et à l'ouest des ruines et des corbeaux."
[2] Al-Maghout avait déclaré : "Il n'y a qu'un seul crime parfait, celui d'être né arabe."
[3] Mohammed al-Maghout : « Pour être un grand poète dans le monde arabe, il faut être sincère ; pour être sincère il faut être un homme libre, pour être libre il faut vivre, et pour vivre il faut se taire… Tu me dégoûtes poésie, ô charogne immortelle »(La joie n'est pas mon métier, La Différence, 1992)
[2] Al-Maghout avait déclaré : "Il n'y a qu'un seul crime parfait, celui d'être né arabe."
[3] Mohammed al-Maghout : « Pour être un grand poète dans le monde arabe, il faut être sincère ; pour être sincère il faut être un homme libre, pour être libre il faut vivre, et pour vivre il faut se taire… Tu me dégoûtes poésie, ô charogne immortelle »(La joie n'est pas mon métier, La Différence, 1992)
8 commentaires:
Très intéressent billet. Il semble que les chiites ne dépassent pas les 30% en Syrie. Le nombre des ismaéliens n’est inconnu (sans doute quelque 70 000 ?) dont Mohammed al-Maghout donc, que je connaissais pas et qui semble aussi être connu comme écrivain, dramaturge et essayiste…
Oui, cher Lama,
Le nombre des ismaéliens en Syrie s'élève à quelques 100 000 âmes. Salamiya a toujours été ismaélienne depuis le VIIIe siècle.
Mohammad al-Maghout est considéré comme l'un des pères du vers libre dans la poésie arabe. Un personnage haut en couleur. Encore un de ces poètes arabes qui mériterait d'être mieux connu en Occident.
Le poète Abdelattif Laabi a traduit un des ouvrages de Maghout : "La joie n'est pas mon métier", aux éditions de la Différence, dont je vais mettre en ligne quelques bonnes feuilles prochainement.
Juste un dernier mot, Mohammed al-Maghout, par son indépendance d'esprit, son verbe frondeur, iconoclaste, impertinent, courageux mais aussi amer et désepéré me fait beaucoup penser à Abu l-ala al-Ma'arri.
Oui Pier, vite, vite quelques-uns de ses vers qui nous le fassent renaître et qui m'empêchent de continuer à déformer ceux de Rutebeuf!
Que sont les amis devenus
Que je n'ai pu avoir connus
ni assez aimés
Ils ont été trop clairsemés
Je crois le vent les a ôtés
L'amour est morte
Ce sont amis que vent emporte
Et il ventait devant ma porte
Les emporta
Ces vers sont d'une tristesse, d'une mélancolie. Je comprends.
Cher Pier, la question serait pour moi qu'est-ce qui dans l'oeuvre de Maghout est ismaélien. On peut lire Maghout sans s'en apercevoir.
Dès que j'ai un moment de répit, je le relis
Amicalement
Oui, cher Jalel, on peut lire toute l'oeuvre de Maghout sans s'apercevoir qu'il est ismaélien. Toujours est-il qu'il l'est, et qu'il a grandi dans un milieu ismaélien.
L'éducation qu'un homme reçoit et le milieu dans lequel il grandit contribuent plus ou moins fortement dans la construction de sa personnalité et de sa pensée, et cela d'une manière consciente ou inconsciente. Et cela est valable aussi pour le climat et le cadre géographique dans lequel un homme grandit. Vous avez bien rendu cela dans votre superbe article sur Nic Klecker, son village et la mentalité des paysans de son terroir : rudes et austères comme la terre qu'ils cultivent.
L'impact de l'ismaélisme dans l'oeuvre de Maghout reste à évaluer et nous éclairera sur certains aspects de l'oeuvre de ce poète. Amicalement.
P. S : je me permettrai de mettre sur mon blog l'article que vous avez écrit à l'occasion de la mort de Maghout.
Oui, cher Pier, nous sommes nourris de nos cultures, de substrats plus anciens, de vents venus d'encore plus loin. J'ai juste une seule inquiétude, qu'on puisse entendre que l'appartenance d'un poète détermine l'oeuvre. Je suis de plus en plus convaincu qu'il existe, surtout en poésie, des universaux, une rhétorique plus univeselle que nos différentes rhétoriques elles-mêmes. (je dis rhétorique dans le sens où on dit aujoud'hui poétique).
Bien sûr que vous pouvez reprendre mon article; mais prenez soin d'indiquer qu'il a été publié sur www.babelmed.net qui en est le propiétaire. Merci, cher ami.
Amicalement
Vous inquiétude est tout à fait légitime et il faut se garder de toute exagération dans un sens comme dans l'autre et effectivement ce qui caractérise un génie (comme Shakespeare) est sa capacité à transcender les particularismes et atteindre les universaux comme vous dites, mais vous conviendrez qu'en ce qui concerne Maghout son appartenance ismaélienne n'est jamais mentionnée. L'événement marquant pour Maghout, c'est l'emprisonnement et la torture qui l'a poursuivi toute sa vie, comme il le dit dans une interview que je mettrais en ligne prochainement.
Pour en revenir à l'ismaélisme de Maghout, il ne la mettait pas en avant, car il se considérait d'abord comme arabe, musulman, syrien avant d'être ismaélien. Et en cela, je pense qu'il avait entièrement raison. C'était un homme dont la cause arabe et l'attachement à la Syrie et aux libertés étaient des passions de sa vie.
Merci pour votre permission de mettre en ligne votre texte sur Maghout. Amicalement.
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