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lundi 15 février 2010

Charles Quint à Mahdia (2) : la prise de Mahdia

André Dorie (ou Andrea Doria) fut l'un des plus grands amiraux du XVIe siècle. A la tête des troupes espagnoles de Charles Quint, il reprit Mahdia sur le corsaire turc Dragut en 1550. Le marin est représenté ici en Neptune par Agnolo Bronzino, XVIe siècle, Milan

Après plusieurs mois de siège et de bombardements intensifs qui ont ouvert des brèches dans les fortifications fâtimides de Mahdia, l'armée espagnole de Charles Quint lance l'assaut final sur la ville. Ecoutons Marmol Carvajal, notre témoin oculaire de ces événements, nous conter cet assaut terrible et sanglant :

"Le dixième de Septembre au point du jour, les compagnies qui devaient donner l'assaut, entrèrent pas à pas dans les tranchées, baillant leurs drapeaux, afin que les ennemis ne se doutassent de rien, et laissant d'autres compagnies en garde aux bastions et aux tranchées du côté de la terre. Après midi, André Dorie commença à environner la ville du côté de la mer, avec toutes ses galères, et les soldats s'étant confessés et communiés, pour gagner le grand Jubilé que Sa Sainteté leur avait envoyé ce jour-là, et s'étant recommandés à Notre Seigneur et à Sa Bienheureuse Mère, ils prirent pour mot l'Apôtre qui est le grand Patron d'Espagne et au bruit de la trompette, et d'un coup de couleuvrine, qu'on fit tirer pour signal, ils montèrent de trois côtés à l'assaut, pour faire diversion : les Chevaliers de Malte avec quelques compagnies, du côté de la vieille batterie vers le Couchant ; d'autres à la nouvelle de l'autre côté, et les autres de celui de la mer, en coulant le long de la tour, et entrant dans l'eau. Ceux qui ne purent passer par le chemin fait des ruines de la tour entrèrent par la brèche du côté de la mer. Les ennemis accoururent à la défense de leurs murailles, et la furie de l'artillerie était si grande de part et d'autre, que les tempêtes et les tonnerres n'ont point plus d'épouvante ni plus de bruit. Les Chrétiens étaient accablés d'un orage de dards, et les coups qui donnaient dans le sable, faisaient voler tant de poussière, qu'on ne voyait goutte, de sorte qu'avant qu'on fût arrivé à la brèche il y eut plus de trois cents soldats de tués et un des principaux Officiers reçut deux coups d'arquebuse dans la cuisse. Mais la valeur des Espagnols surmonta les feux et les traits des ennemis si bien que passant sur les corps de leurs compagnons, ils montèrent sur la brèche et après une résistance opiniâtre, ils gagnèrent la tour du coin vers le Levant et arrachant l'enseigne Turque y plantèrent la leur. On ne pût entrer de l'autre côté à cause du précipice qui était auprès du mur comme le Maure avait dit. Quelques soldats arrivèrent au parapet et, tuant un Turc qui leur en voulait défendre l'entrée, passèrent dessus et allèrent rejoindre les autres entrés par la porte de la mer. Car quelques uns y étaient déjà passés, après quoi, un Enseigne arbora son drapeau sur une tour et quelques soldats et quelques mariniers abordant avec des esquifs entrèrent par les canonnières ou embrasures des tours. Les ennemis défendaient, en désespérés, non seulement la ville et les murailles mais les rues et les maisons, et les Turcs voyant la ville prise se retirèrent au château et au logis de la Douane vis-à-vis de la porte d'où, à coups de mousquets et de flèches, ils incommodèrent fort les Chrétiens qui combattaient dans la rue et tuèrent un Capitaine Espagnol d'une mousquetade à la tête. Comme le Viceroy vit le combat échauffé dans la ville, il fit entrer les arquebusiers des compagnies qui étaient dehors parce que rien ne branlait à la campagne, ce qui acheva la défaite des ennemis. Il mourut ce jour là sept cents Turcs ou Maures ; mais ceux-ci se signalèrent plus que les autres. Il y eut dix mille captifs de tous âges et de tout sexe et le butin fut très grand tant en meubles qu'en argent et en pierreries. Il y périt quatre cents Chrétiens mais il y en eut plus de cinq cents blessés.[...]
Cette victoire gagnée le fils du Viceroy de Naples fit enterrer dans un fossé tous les Chrétiens mort pour en ôter la vue et la satisfaction aux ennemis et fit porter les blessés aux maisons qui étaient au camp ; ensuite de quoi l'on consacra la Mosquée par de grandes salves et l'on rendit les actions de grâces à Dieu de cette victoire."

Source : L'Afrique de Marmol, traduction de Nicolas Perrot d'Ablancourt, 1667, Paris, pp. 516-17

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