lundi 1 février 2010
Clandestino
"Le salaire de la peur
Le poète lucide
entre deux pinards
ne sait que trop bien
que sa mi-clope grillée
interdite de comptoir
avec un clandestin
qui grille
sur le trottoir
l'autre moitié,
pas la meilleure,
pas celle avec qui
on a cessé de coucher afin de migrer,
mais celle de la peur,
que la xénophobie et
l'égoïsme du nord,
tout comme les lois et
les polices
qui le protègent
payées par la peur,
pour la peur, l'autre peur,
celle de l'autre,
poursuivent
Mon frère, grandi
du salaire de la peur.
Le mal étend ses abcès
purulents
plus souvent qu'à son tour
à la source :
despotisme, interdits,
superstition, ignorance,
corruption, opportunisme,
lâcheté, fatuité, machisme,
jalousie, inconscience, fraude,
vol, arnaque, rackets, exploitation
et j'en passe. Humain, très humain
pousse, enfle, prospère,
inavoué au nord,
luxuriant, soutenu, encouragé au sud
Mare Nostrum, notre mer,
notre marâtre aux abîmes,
où s'abime - concert discordant -
tout espoir de rejeter
la tyrannie commune,
la peur quotidienne,
la censure coutumière,
les interdits ataviques
prétendus religieux,
l'oppression légale, omniprésente,
aveuglement, cécité, déni de justice, misère, chômage,
oisiveté forcée des forçats du farniente
au désert de perspectives et d'espoir.
Assez !"
Poème de Giulio-Enrico Pisani, in Nous sommes tous des migrants, Schortgen, 2009
Libellés :
Miscellanea
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
3 commentaires:
Magnifique ! cela creuse loin dans le coeur...
Oui, très beau texte de notre ami Giulio.
Chère Christiane, j'ai pensé à vous en mettant en ligne le texte de Saint-John Perse sur le lien entre désert et mer (voir dans les billets de janvier). Bien à vous.
Oui, comme Christiane ça touche profond...
Enregistrer un commentaire