"Les sites archéologiques de Carthage, Mahdia, Phalasarna, Motyé, Rachgoun et Jezirat Fara’un ont en commun la présence d’un port appelé « cothon ». Ce terme est utilisé depuis l’Antiquité pour désigner le port de Carthage et, aujourd’hui, les spécialistes d’archéologie portuaire s’accordent pour l’associer à un « bassin portuaire creusé et débouchant sur la mer libre par l’intermédiaire d’un chenal ».
À Mahdia, à un chenal (40 large) et un bassin rectangulaire (130 x 65 m), s’ajoute un chenal secondaire, interprété comme probable chenal de désensablement, long de 40 m et large de 5 m. Les parois verticales du bassin furent taillées dans le grès calcaire pliocène sur la quasi-totalité de sa périphérie. A 20m de l’angle ouest du bassin, la paroi est interrompue sur environ 30 m par une grève pentue qui s’étire vers le nord-ouest et se perd sous les remblais. La vocation portuaire de ces aménagements ne fait aucun doute ; d’ailleurs quelques barques de pêcheurs viennent, aujourd’hui encore, s’échouer sur la section de grève ou s’amarrer aux quais. Des ergots rocheux traversés verticalement par un trou font office d’amarrage. La datation du cothon de Mahdia n’est pas encore fermement établie. Le creusement, du bassin et du chenal, est attribué soit au calife fatimide Ubayd Allah, qui fut à l’origine, au Xe s. de notre ère, de la construction à Mahdia d’une important arsenal, soit aux Carthaginois. À l’extrémité est du promontoire, seuls quelques caveaux funéraires érodés par la mer pourraient être de facture punique. En revanche, une nécropole dont quelque 1000 tombes ont été fouillées, s’étendait sur 12 km le long du littoral au nord du promontoire. La date supposée pour les débuts de l’utilisation de cette nécropole, peut-être dès la fin du Ve s. av. J.-C. , plaiderait en faveur d’un établissement carthaginois à proximité du port creusé. Cette hypothèse est confortée par la présence, sur les parois du bassin, d’une encoche d’érosion marine, dont l’importance (hauteur 60 cm, profondeur 0,4 à 1,1 m) n’a jamais été atteinte en Tunisie sur des sites plus tardifs. Il est donc probable que le bassin fut taillé à l’époque punique.
Il apparaît clairement que deux techniques distinctes furent utilisées pour l’aménagement des cothons, ce qui nous a permis d’établir une typologie. La première technique consiste à creuser un bassin portuaire dans un terrain sec, et de le mettre en relation avec la mer par l’intermédiaire d’un chenal. L’avantage de cette technique est de donner une forme régulière au futur port, comme à Carthage et Mahdia où l’on observe des bassins de formes géométriques simples (rectangle ou cercle). La deuxième technique utilise les caractéristiques naturelles du site : des plans d’eau naturels, lagunes ou criques, sont aménagés de façon à constituer un port clos (Phalasarna, Motyé, Jezirat Fara’un).
Si l’on s’attarde sur la situation urbaine des ports de type cothon, on constate que, excepté à Rachgoun, tous les sites sont situés à l’intérieur de l’enceinte de la ville.
À Mahdia et à Jezirat Fara’un, les portions d’enceinte sont largement postérieures à l’aménagement du bassin. Peut-être reprennent-elles un tracé plus ancien ? Il apparaît tout de même légitime de supposer que la vocation principale du cothon était de créer un port à l’intérieur des murailles de la ville.
Les vestiges archéologiques nous présentent ainsi le cothon comme un port totalement ou en partie artificiel, intra-muros, dont l’aménagement en arrière de la ligne de côte est complété par divers éléments à fonctions spécifiques (quais, hangars à navires, chenaux de désensablement…). Sa répartition chronologique et géographique traduit une technique privilégiée par les populations phéniciennes et puniques durant tout le premier millénaire avant notre ère, depuis Jezirat Fara’un (la base navale de Hiram Ier et de Salomon : Ezion Geber) au Premier âge du Fer, jusqu’à Carthage à la veille de sa destruction par les Romains (146 av. J.-C.), en passant par Motyé, Rachgoun et Mahdia."
À Mahdia, à un chenal (40 large) et un bassin rectangulaire (130 x 65 m), s’ajoute un chenal secondaire, interprété comme probable chenal de désensablement, long de 40 m et large de 5 m. Les parois verticales du bassin furent taillées dans le grès calcaire pliocène sur la quasi-totalité de sa périphérie. A 20m de l’angle ouest du bassin, la paroi est interrompue sur environ 30 m par une grève pentue qui s’étire vers le nord-ouest et se perd sous les remblais. La vocation portuaire de ces aménagements ne fait aucun doute ; d’ailleurs quelques barques de pêcheurs viennent, aujourd’hui encore, s’échouer sur la section de grève ou s’amarrer aux quais. Des ergots rocheux traversés verticalement par un trou font office d’amarrage. La datation du cothon de Mahdia n’est pas encore fermement établie. Le creusement, du bassin et du chenal, est attribué soit au calife fatimide Ubayd Allah, qui fut à l’origine, au Xe s. de notre ère, de la construction à Mahdia d’une important arsenal, soit aux Carthaginois. À l’extrémité est du promontoire, seuls quelques caveaux funéraires érodés par la mer pourraient être de facture punique. En revanche, une nécropole dont quelque 1000 tombes ont été fouillées, s’étendait sur 12 km le long du littoral au nord du promontoire. La date supposée pour les débuts de l’utilisation de cette nécropole, peut-être dès la fin du Ve s. av. J.-C. , plaiderait en faveur d’un établissement carthaginois à proximité du port creusé. Cette hypothèse est confortée par la présence, sur les parois du bassin, d’une encoche d’érosion marine, dont l’importance (hauteur 60 cm, profondeur 0,4 à 1,1 m) n’a jamais été atteinte en Tunisie sur des sites plus tardifs. Il est donc probable que le bassin fut taillé à l’époque punique.
Il apparaît clairement que deux techniques distinctes furent utilisées pour l’aménagement des cothons, ce qui nous a permis d’établir une typologie. La première technique consiste à creuser un bassin portuaire dans un terrain sec, et de le mettre en relation avec la mer par l’intermédiaire d’un chenal. L’avantage de cette technique est de donner une forme régulière au futur port, comme à Carthage et Mahdia où l’on observe des bassins de formes géométriques simples (rectangle ou cercle). La deuxième technique utilise les caractéristiques naturelles du site : des plans d’eau naturels, lagunes ou criques, sont aménagés de façon à constituer un port clos (Phalasarna, Motyé, Jezirat Fara’un).
Si l’on s’attarde sur la situation urbaine des ports de type cothon, on constate que, excepté à Rachgoun, tous les sites sont situés à l’intérieur de l’enceinte de la ville.
À Mahdia et à Jezirat Fara’un, les portions d’enceinte sont largement postérieures à l’aménagement du bassin. Peut-être reprennent-elles un tracé plus ancien ? Il apparaît tout de même légitime de supposer que la vocation principale du cothon était de créer un port à l’intérieur des murailles de la ville.
Les vestiges archéologiques nous présentent ainsi le cothon comme un port totalement ou en partie artificiel, intra-muros, dont l’aménagement en arrière de la ligne de côte est complété par divers éléments à fonctions spécifiques (quais, hangars à navires, chenaux de désensablement…). Sa répartition chronologique et géographique traduit une technique privilégiée par les populations phéniciennes et puniques durant tout le premier millénaire avant notre ère, depuis Jezirat Fara’un (la base navale de Hiram Ier et de Salomon : Ezion Geber) au Premier âge du Fer, jusqu’à Carthage à la veille de sa destruction par les Romains (146 av. J.-C.), en passant par Motyé, Rachgoun et Mahdia."
Source : Nicolas Carayon, Le cothon ou port artificiel creusé. Essai de définition, in Revue Méditerranée, n°104, 2005.