La scène représentée sur le plat est des plus curieuses. Elle a suscité de nombreuses interrogations et commentaires.
Une interprétation superficielle voit dans l'image une scène banale : un palefrenier se serait endormi au bord d'une rivière ou d'un étang et aurait un rêve érotique représenté par la jeune fille nageant dans l'eau.
Mais pour l'historien d'art, Richard Ettinghausen, il faudrait voir dans la scène représentée une signification beaucoup plus profonde et originale. Il s'agirait d'une allégorie de l'union mystique avec le Divin. C'est le fameux thème soufi du Fana fi-Llah, l'annihilation en Dieu. L'âme, arrivée au bout de sa quête spirituelle, a réalisé l'Union avec Dieu : elle est devenue Une avec Lui. Le jeune homme représenté a vaincu la tyrannie des facultés sensorielles qui sont symbolisées par les cinq personnages au-dessus du cheval. L'animal, montré au repos, symboliserait les insctints charnels de l'âme désormais apaisés. Le jeune homme a les yeux clos : il est perdu dans la contemplation divine. La jeune fille nue, nageant dans l'eau, serait justement le symbole de son âme purifiée, débarassée de ses oripeaux, et à présent, noyée dans le Divin qui est évoqué par l'eau.
Dans l'Ismaélisme, l'Imam, par le biais du ta'wil (interprétation) et ta'lim (enseignement) des textes révélés, initie le disciple (murid) et le conduit par étapes vers le monde divin. En cela, l'initiation de l'Imam s'apparente à une maïeutique visant à faire accoucher l'âme du disciple dans le monde spirituel. La résurrection spirituelle constitue l'un des thèmes essentiels de la spiritualité ismaélienne et le sujet principal de plusieurs ouvrages dont "Le livre du sage et du disciple" [1]. Avec cette notion de renaissance spirituelle, l'Ismaélisme, tout en citant des versets coraniques à l'appui, établit ici aussi des affinités étonnantes avec les Evangiles. C'est ainsi qu'un ouvrage ismaélien du XIVe siècle, le Kalam-e Pir, cite presque mot pour mot l'Evangile de Jean (3, 3) : "Celui qui n'est pas né deux fois, n'arrivera pas au royame des Cieux".
Dans l'Ismaélisme, l'Imam, par le biais du ta'wil (interprétation) et ta'lim (enseignement) des textes révélés, initie le disciple (murid) et le conduit par étapes vers le monde divin. En cela, l'initiation de l'Imam s'apparente à une maïeutique visant à faire accoucher l'âme du disciple dans le monde spirituel. La résurrection spirituelle constitue l'un des thèmes essentiels de la spiritualité ismaélienne et le sujet principal de plusieurs ouvrages dont "Le livre du sage et du disciple" [1]. Avec cette notion de renaissance spirituelle, l'Ismaélisme, tout en citant des versets coraniques à l'appui, établit ici aussi des affinités étonnantes avec les Evangiles. C'est ainsi qu'un ouvrage ismaélien du XIVe siècle, le Kalam-e Pir, cite presque mot pour mot l'Evangile de Jean (3, 3) : "Celui qui n'est pas né deux fois, n'arrivera pas au royame des Cieux".
Après la chute d'Alamut, l'Ismaélisme va revêtir le manteau du soufime. Les Imams se présenteront et seront reconnus comme des Shaykhs soufis (murshids) et les ismaéliens comme leurs disciples (murids). L'Ismaélisme évoquera et formulera dorénavant ses concepts spirituels en adoptant une terminologie propre au soufisme.
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[1] Voir Henry Corbin, L'homme et son Ange, Fayard
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